Nathalie Hounvo Yekpe

Catégorie(s) : Ils ont séjourné ici

Bénin

Du 18 avril au 02 mai 2024

Discipline

Théâtre

Biographie

Nathalie Hounvo Yekpe est une autrice, metteuse en scène et comédienne béninoise, formée à l’École internationale de théâtre du Bénin. Elle participe à la création et préside l'association Baani avec d'autres artistes, dont le projet est de soutenir la production de spectacles et propose des ateliers théatraux. En 2021, Nathalie Hounvo Yekpe est lauréate du programme "Découvertes" des Francophonies-Des écritures à la scène, un dispositif qui offre des résidences d’écriture aux femmes et permet aux jeunes autrices francophones d’écrire une première œuvre dramatique. Elle y écrit Course aux noces publiée chez Lansman Editeur en 2023. 

Projet de résidence

Lors de sa résidence à la Maison des Écritures, Nathalie Hounvo Yekpe a 'lintention de travailler sur son nouveau projet, l’écriture d’une pièce de théâtre : Agodjiés. Cette pièce qui questionne les sources de motivations de différentes femmes dans leurs vies professionnelles et s’intéresse particulièrement aux femmes et à leur désir de pouvoir à travers les époques.

Notre rencontre avec Nathalie

En compagnie d’invisibles

 

Quand on est entré dans le petit bureau inondé de soleil où nous avions rendez-vous, Nathalie Hounvo Yekpe était plongée dans La Malédiction. Elle a glissé un marque-page dans le roman de Hyam Yared, a posé le livre sur la table et sa main sur le livre, comme pour lui dire, par ce geste apaisant, « je vais revenir. »

Nathalie dit qu’elle aurait adoré rencontrer Hyam. L’autrice béninoise et la romancière libanaise se sont manquées de peu. Une affaire de semaines, à peine, pour que les deux femmes se croisent à la Maison des Écritures. Mais par la grâce du texte, les mots de l’une cheminent dans la tête de l’autre, et l’on devine, à écouter Nathalie, que le dialogue est fécond. Cette libre appropriation de l’esprit du lieu, au-delà du temps et de l’espace, créé l’alchimie propre à chaque résidence. Certains décident de profiter de la lumière, d’autres du vent, d’autres, comme Nathalie, de la complète disponibilité de présences invisibles.

« Je suis venue ici à la rencontre de mes personnages, s’amuse-t-elle, la règle des résidences de création veut que l’on fournisse une note d’intention, dans laquelle on explique avec plus ou moins de détails quel est son projet. Dans ma note, j’ai dit vouloir mettre en scène trois figures féminines. Maintenant que je suis ici, ces femmes m’attendent, et j’ai besoin de savoir ce qu’elles ont à me dire. » En disant cela, Nathalie ouvre grand les bras sur le plan de travail de son bureau, comme pour faire apparaître, sur cette invocation, des petits hologrammes sur la scène de mélaminé blanc.

« Une jeune influenceuse rencontre une prisonnière politique, leurs visions sur la place de la femme dans la société ne sont pas les mêmes, elles ne sont pas d’accord. Ici, les monologues sont devenus des dialogues, poursuit la dramaturge, je convoque alors une troisième figure, la reine Tassi Hangbé, une femme historique béninoise complètement occultée de notre histoire. Elle remet certains enjeux en perspective, notamment le fait que les femmes ne doivent pas s’attendre à ce que les hommes leur concèdent la moindre place. »Dans l’histoire béninoise, Tassi Hangbé a levé une armée de femmes, les Agoodjiés,et régné pendant trois années, avant de devoir s’effacer au profit de son frère.« Il faut croire que, parmi les attributs nécessaires pour incarner le pouvoir royal, il manquait à Tassi d’être née avec une paire de couilles. »

Nathalie, elle, n’hésite plus, désormais, à revendiquer sa place et son triple statut : « Je suis d’abord, et encore, comédienne. Je suis également metteuse en scène. Il m’a été plus difficile de m’affirmer autrice, mais résidence après résidence, et alors que j’écris ma quatrième pièce, je me sens de plus en plus légitime. » En 2022, son précédent texte, Course aux noces, avait fait l’objet d’une lecture très remarquée lors du festival d’Avignon. Elle y mettait en scène la rumeur publique, sous la forme de on-dit, cette voix collective, invisible mais bien présente, qui jacasse, juge et condamne les choix de vie des femmes.

Ce n’est pas le premier passage de Nathalie à La Rochelle. Il y a quelques mois, elle était venue visiter son compatriote le dramaturge et metteur en scène Sèdjro Giovanni Houansou. Lors de sa visite, un peu par superstition, elle avait ramassé un petit galet sur le bord de mer, qu’elle avait rapporté avec elle au Bénin, en formulant un vœu, comme la promesse qu’une main apaisante fait à un livre posé sur une table : « je vais revenir. »

Elle est revenue.

 

Philippe Guerry

Rendez-vous

29 avril 2024 - 15h et 18h30

15h : rencontre professionnelle - à la fabrique du Vélodrome

Après-midi de rencontre professionnelle avec les acteur·ices du secteur théâtral, et plus largement du spectacle vivant, rochelais. 

18h30 - 20h : sortie de résidence, lecture publique - à l'Azile Café Théâtre ,29 rue Debussy

Sortie de résidence de Nathalie Hounvo Yekpe lors d’un café-rencontre à l’Azile Café. Ce moment sera l’occasion de rencontrer l’artiste et d’assister à la lecture d’une partie de ses textes. Réservation conseillée à l'adresse suivante : maison.des.ecritures@ville-larochelle.fr

30 avril 2024

18h : soirée rencontre - restitution d'ateliers de création - à la Maison des Écritures

Dans le cadre d’un projet co-construit par Intermondes - humanités océanes, le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation) 17 et la Maison des Écritures, douze ateliers de création artistique seront menés avec les artistes en résidence à La Rochelle et les participants encadrés par le SPIP. Cette soirée est l’occasion d’assister à la restitution des travaux réalisés, ainsi que de rencontrer et découvrir les projets des artistes Nathalie Hounvo Yékpé, Jul Maroh et Paulius Sliaupa. Réservation conseillée à l'adresse suivante : maison.des.ecritures@ville-larochelle.fr

Partenariats

La résidence est co-portée par l’ALCA (Agence Livre, Cinéma et Audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine) et l’IDAF (Institut des Afriques), en partenariat avec Les Francophonies de Limoges et la Villa Valmont.

© Julien Chauvet - ville de La Rochelle