Mémoire esclavage

Depuis près de 40 ans la Ville de La Rochelle active et rend vivante par tous les moyens la mémoire de l’esclavage. Loin le temps où l’on taisait le passé. La Rochelle le regarde en face, y compris aux endroits où cela fait mal :  la prospérité du XVIIIe siècle installée sur le commerce triangulaire, la traite négrière, la déportation de 160 000 hommes, femmes et enfants en 447 expéditions, armées depuis le port vers les côtes d’Afrique puis les isles à sucre afin d’alimenter en retour les raffineries locales. Ici de belles fortunes, là-bas un effroyable bilan humain. 

En 1982, Michel Crépeau a conduit sa ville, deuxième port négrier au XVIIIe siècle, à devenir la première en France, au XXe siècle, capable de rassembler un patrimoine dédié à cette question. Cela en créant le Musée du Nouveau Monde où le conservateur d’alors, Alain Parent, sut réunir les collections pour parler entre autre de la traite. Peu nombreux étaient alors les historiens étudiant cette période. Jean-Michel Deveau a beaucoup apporté par ses recherches. Dans son sillage, l’ouverture de l’université a amené à La Rochelle de nouveaux chercheurs, tels Mickaël Augeron et Olivier Caudron qui ont généré de nouvelles compétences.

Il y eut ensuite le travail réalisé pour les 150 ans de l’abolition en 1998. Le 10 mai 2008, la Ville de La Rochelle a dédié, sous l’impulsion de l’association Mémoria, le parc d’Orbigny à la Mémoire de la traite et de l’esclavage et dénommée en 2009, l’Allée Aimé Césaire, du poète martiniquais ; puis en 2010, à l’instigation de la Ville de La Rochelle, toute une série de manifestations furent consacrées à l’histoire de l’esclavage sous l’appellation ‘Chairs noires et pierres blanches » organisée par l’association Arcadd. C’est en 2011 que le tout premier dépliant, proposant dans une ville, un parcours autour de la traite a été édité ; il est mis en ligne et sera réactualisé en 2022. Précurseur, ce projet fut à l’époque sélectionné par l’Unesco pour sa simplicité et son efficacité auprès d’un large public.

Plus près de nous en 2015, eut lieu l’installation de la statue de Toussaint Louverture sculptée par Ousmane Sow, inaugurée en présence de l’artiste.

Enfin, en 2019, l’adhésion à la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage et à ses propositions d’agir. La Rochelle fait partie du conseil des territoires parmi 22 villes de l’hexagone et outre-mer qui relaient l’action de la FME en direction du public, notamment des jeunes et des quartiers.

Tout récemment, lancé sur les traces de Toussaint Louverture entre Haïti et le Fort de Joux où Bonaparte le laissa mourir, Stéphane Bern est venu à La Rochelle saisir quelques images de ce haut personnage de la Révolution haïtienne dont la statue semble veiller sur l’entrée du Musée du Nouveau Monde. Cela pour diffusion en « Secrets d’histoire » sur France 3 le 10 mai 2021, à l’occasion des 20 ans de la loi Taubira.

Dans les pages de ce carrefour des mémoires, se trouvera toute la matière utile à une meilleure connaissance des événements historiques et à la construction d’une société fraternelle.

Pour Anna-Maria Spano, adjointe Musées, patrimoine et circuits culturels, l’histoire telle que nous la regardons, au-delà de l’aspect mémoriel, doit inspirer la réflexion : « Notre politique de sensibilisation développée au fil des ans permet de lever les tabous sur l’esclavage. Elle repose sur l‘identification, la documentation, la valorisation d’un riche patrimoine local et sur des actions culturelles. Nous devons apprendre de l’histoire qui permet de comprendre le passé et de nous interroger sur le présent, car aujourd’hui encore 200 millions de personnes, dont 150 millions d’enfants sont victimes de travail forcé et d’esclavage moderne. »

Téléchargez ici le parcours sur la traite négrière 

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