Des femmes remarquables au coin de la rue

À l’occasion de la 15e édition du festival « Des Elles à La Rochelle » et d’un mois de mars 2024 dédié aux droits des femmes, la Ville met en lumière des femmes aux parcours remarquables qui ont donné leurs noms à des établissements scolaires, des bâtiments rochelais, des rues...

Joséphine Baker, femme de lutte

Née aux États-Unis, Freda Josephine McDonald mène une première carrière américaine de chanteuse et de danseuse, sous le nom de Joséphine Baker. Elle débarque pour la première fois en France en septembre 1925 et rencontre rapidement le succès à Paris en prenant part à un tableau baptisé La danse sauvage qui se moque ouvertement des pratiques coloniales et des préjugés. En 1937, elle épouse Jean Lion, jeune courtier en sucre, et devient française. Le jeune couple s’installe dans le château des Milandes, dans le Périgord, son « château de la belle au bois dormant », qui accueille aujourd’hui un musée qui lui rend hommage. Elle prend part à la seconde guerre mondiale et devient un « honorable correspondant » des services secrets français, terminant la guerre comme lieutenant de l’Armée Française de la Libération. En 1946, elle reçoit la médaille de la Résistance française. Elle sera décorée de la Légion d’Honneur et de la Croix de guerre en 1961. Au terme du conflit, elle s’investit dans la lutte contre le racisme. Elle soutient le mouvement américain des droits civiques du paster Martin Luther King et milite contre la politique d’apartheid instaurée en Afrique du Sud. Dans son château des Milandes, elle accueille sa « tribu arc-en-ciel » de douze enfants de toutes origines. Le 12 avril 1975, à l’âge de 68 ans, elle s’éteint au terme d’un vie riche en succès et engagements.

À La Rochelle, la nouvelle passerelle qui enjambe les voies de la gare porte le nom de Joséphine Baker.
 

Marie Marvingt, la « fiancée du danger »

Marie Marvingt a été surnommée la « fiancée du danger » tant elle a frôlé les limites durant toute son existence. Sportive hors pair, elle participe à sa première course cycliste en 1904. En 1906, elle devient la première Française à parcourir les 12 km de la Traversée de Paris à la nage. Excellant dans les disciplines alpines, elle remporte de nombreuses épreuves de ski, de patinage artistique et de vitesse, ou encore de saut à ski organisées dans la région de Chamonix. En 1908, les organisateurs lui refusant l’accès à l’épreuve, elle participe au Tour de France cycliste à titre officieux et termine la légendaire Grande Boucle. Pionnière de l’aviation, elle est la première aviatrice à traverser la Manche en 1909 et établit plusieurs records. Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, elle utilise son avion pour mener des bombardements. Elle se déguise en poilu et rejoint le front pendant plusieurs semaines avant de se faire démasquer. Elle devient correspondante de guerre et poursuit sa carrière de journaliste après l’Armistice. Elle participe au développement de l’aviation sanitaire et ne cesse de se lancer des défis, allant jusqu’a décrocher son brevet de pilote d’hélicoptère en 1959, à l’âge de 85 ans. Elle est décédée le 14 décembre 1963.

À La Rochelle, une école élémentaire située dans le quartier de Laleu porte le nom de Marie Marvingt.

Adèle Charruyer, bienfaitrice de la ville

Un legs de 100 000 francs fait par mademoiselle Adèle Charruyer, fille de l’armateur Étienne Charruyer, à la Ville a favorisé la création d’un grand parc public de 40 hectares aux portes du centre de La Rochelle à la fin XIXe siècle. La générosité d’Adèle Charruyer a permis le rachat et l’assainissement de terrains militaires marécageux situés au pied de fortifications datant de l’enceinte érigée en 1685 à l’ouest de la ville. Pendant trois ans, du 6 mai 1887 au 31 décembre 1890, les importants travaux entrepris sur le site participent à l’aménagement d’un espace naturel de long de deux kilomètres et large de 200 mètres, parcouru par deux ruisseaux, le Fétilly et le Lafond, qui viennent se jeter dans l’océan. Initialement baptisé Monceau, il porte finalement le nom de parc Charruyer en l’honneur de sa généreuse donatrice. Ce parc à l’anglaise, traversé par des allées sinueuses et bordés de grands arbres, laisse apparaître des traces de fortifications anciennes et accueille depuis 1950 un petit parc zoologique. Le parc Charruyer, au même titre que les allées du Mail, est un site classé de La Rochelle.

À La Rochelle, le parc situé aux portes du centre-ville porte le nom d’Adèle Charruyer.

Jeanne d’Albret, figure du protestantisme

Le destin de Jeanne d’Albret est exceptionnel et son engagement en faveur de la cause protestante reste un fait marquant de l’histoire de notre territoire. Couronnée reine de Navarre en 1555, à l’âge de 27 ans, elle se convertit au protestantisme en 1560, et établit le calvinisme comme religion officielle de son royaume. Considérée comme une ennemie par l’Église catholique, elle se sépare de son mari Antoine de Bourbon qui continue d’affirmer sa loyauté envers la couronne française et est nommé lieutenant général de France par Catherine de Médicis. Elle prend à partir de 1562 d’importantes mesures visant à implanter la Réforme en Béarn et fait face à une virulente opposition catholique, tandis que les guerres de religion commencent à agiter l’Europe. En 1568, au commencement de la troisième guerre de religion, elle se réfugie à La Rochelle et prend la tête du mouvement protestant. Elle imagine la province de Guyenne comme une patrie protestante et prend une part déterminante dans les actions militaires, accompagnant l’amiral Gaspard de Coligny sur les zones de combat. Quelques mois après la signature de la paix, elle décède en 1572, laissant son fils Henri, futur roi de France, lui succèder sur le trône de Navarre.

À La Rochelle, une rue située dans le quartier de la Genette porte le nom de Jeanne d’Albret.

Simone Veil, femme d’engagements

Simone Veil a mené une vie de combats. Rescapée de la Shoah, elle a perdu plusieurs membres de sa famille dans les camps d’extermination. Au terme d’études de droit et de sciences politiques, déterminée à participer à l’effort de reconstruction de la France, elle devient haut magistrat et se lance dans un vaste chantier de restructuration de l’administration pénitentiaire. Elle s’investit dans la politique et devient ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac. En 1974, elle est à l’origine du projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse qui occasionne des débats houleux dans tout le pays. Fervente défendeuse de l’idéal européen, elle est élue présidente du Parlement européen en 1979 et s’attelle à défendre les droits de l’Homme. Ses engagements se poursuivent pendant plusieurs décennies et lui valent de rejoindre en 2008 les « Immortels » de l’Académie française. Décédée le 30 juin 2017, à quelques jours de son 90e anniversaire, elle fait son entrée au Panthéon le 1er juillet 2018, une distinction qui vient couronner une existence toute entière vouée à la défense des valeurs républicaines et au devoir de mémoire. 

À La Rochelle, une école élémentaire située dans le quartier du Prieuré et une avenue qui constitue une nouvelle liaison urbaine vers le centre-ville et les Minimes portent le nom de Simone Veil.

Odette Gorin, résistante rochelaise

Odette Gorin est une des figures de la Résistance à La Rochelle. Membre du Parti communiste, elle se lance dès 1936 dans des actions militantes à l’époque de la guerre d’Espagne, collectant des fonds et des vêtements pour les républicains espagnols réfugiés dans la région. Alors que les troupes allemandes occupent la ville, cette jeune mère de famille prend part à partir de juin 1940 à des opérations clandestines qui l’amènent à recruter, à distribuer des tracts, à collecter des fonds ou encore à cacher des clandestins et des armes. Dénoncée par un membre de son réseau, elle est arrêtée le 4 septembre 1942 par la Gestapo avec plusieurs membres de la Résistance locale dont Armand Bouffénie. Elle est déportée au camp de Ravensbrück le 28 avril 1943. Transférée au camp de Neubrandenburg, elle s’évade le 27 avril 1945. Dès son retour à La Rochelle, fidèle à ses idées, Odette Gorin reprend ses activités militantes, devient conseillère municipale en 1946 et participe à la création de la section locale de la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes. Son parcours lui vaut de recevoir de nombreuses distinctions civiles et militaires telles que le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur. Elle s’est éteinte dans sa 103e année, le 14 juillet 2004.

À La Rochelle, un rond-point situé à la limite des quartiers de Tasdon et Villeneuve-les Salines porte le nom d’Odette Gorin.

Andrée Renouard, figure de Port-Neuf

Andrée Renouard est née en 1922. Elle s’installe dans le quartier de Port-Neuf dans les années 1960. Elle tient pendant de nombreuses années un commerce, le « Multifranc », qui fait office de papeterie, quincaillerie, mercerie et marchand de jouets. Très investie dans la vie de son quartier et du centre social, elle compte parmi les soutiens de Michel Crpeau qui est élu maire de La Rochelle en mars 1971, fonction qu’il occupera pendant 28 ans. Andrée Renouard rejoint l’équipe municipale et assume, à compter de ce premier mandat, la fonction de sixième adjoint spécial pour Laleu, La Pallice, Port-Neuf et Mireuil. Elle fera partie de l’équipe jusqu’en 1995. Quand Michel Crépeau renonce à son mandat de conseiller général des cantons ouest de La Rochelle, de La Pallice, Laleu, la Rossignolette et Port-Neuf, c’est Andrée Renouard qui prend la suite et prend en charge avec détermination des dossiers importants, focalisant en particulier son action vers les plus fragiles. Figure emblématique de La Rochelle, engagée au plan local pendant plus de 50 ans, elle est décédée en 2017.

À La Rochelle, l’allée qui longe l’océan dans le quartier de Port-Neuf, créée dans le cadre du Programme d’Actions de Prévention des Inondations, porte le nom d’Andrée Renouard.

Dernière mise à jour : 26 mars 2024

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