L'histoire négrière au coin de la rue

Deuxième ville en France après Nantes quant à l’intensité de son trafic au XVIIIe siècle, la traite négrière a laissé à La Rochelle une empreinte forte. Visible si l’on veut bien en trouver la trace, elle l’est moins si l’on tente de la dissimuler.

Elle est pourtant tout à fait mesurable à la beauté des hôtels particuliers que l’on sait admirer, témoins de l’enrichissement, des grandes familles commerçantes dont ces maisons portent généralement les noms.

Cette empreinte a longtemps été oubliée. Mais depuis 1982, notamment avec la création du musée du Nouveau Monde - dans l’hôtel Fleuriau -, la Ville regarde en face son passé négrier, accomplissant un travail historique, un travail de mémoire, individuelle et collective.

Les fac-similés de plaques de rues de l’exposition temporaire présentée dans la salle Renaissance de l’Hôtel de Ville (ex-salle de police) s’inscrivent dans cette démarche mémorielle. Certaines voies de La Rochelle sont évocatrices de ce que fut le commerce triangulaire, à condition de vouloir savoir. Souvent, elles n’en disent pas assez ou trop peu et laissent courir des interprétations, fallacieuses parfois.

Des navires, des négriers et d’autres qui ne le furent pas.

Elus, historiens, et services culturels ont donc choisi de porter ce peu glorieux passé à la connaissance du public et de donner du sens à ces plaques. Il ne s’agit pas de pointer du doigt tel ou tel mais bien de montrer l’histoire ; de faire que ces coins de rues servent utilement à la représentation d’une époque, à rendre à chaque personnage ou personnalité qui leur a donné son nom, la réalité de ce qu’il fut.

Ainsi Louis-Benjamin Fleuriau, naturaliste et philanthrope, ne fut-il jamais impliqué dans la traite et n’eut que le tort d’être l’héritier de sa famille. De même, Jacques Rasteau qui a son square et Gabriel Admyrauld sa rue dont les aïeux pratiquèrent la traite au XVIIIe siècle. En revanche, il y a à apprendre du nom des rues Daniel Garesché, armateur du plus gros navire négrier de La Rochelle, et Demissy (de Missy) qui participa au commerce négrier puis adhéra à la Société des amis des Noirs. Ou encore de voies qui portent d’innocents noms de navires :  L’Armide, armé à la traite négrière par Pierre-Gabriel Admyrauld et Le Saphir de même armé par Elie Giraudeau qui baptisait ses vaisseaux de noms de pierres précieuses.

Chaque plaque porte la mention « memoire-esclavage.larochelle.fr » où se rendre pour mieux comprendre.

Aimé-Benjamin Fleuriau (24 juillet 1709 – 31 juillet 1787)

Prononcer le nom de Fleuriau à La Rochelle dispense de penser à autre chose qu’à la traite négrière. Mais pour être du même arbre, certaines branches d’une même famille peuvent se distinguer dans d’autres domaines. Sur le sujet du commerce triangulaire, certains Fleuriau sont largement impliqués, mais pas tous. Celui dont la rue porte le nom, Louis-Benjamin (1761 – 1852), ne fut « que » naturaliste, géologue, conseiller général, conseiller municipal, député et président de l’Académie des belles lettres, sciences et arts de La Rochelle.
Il légua ses collections et sa bibliothèque au Muséum. C’est bien en l’honneur de celui-ci que la Ville baptise Louis-Benjamin Fleuriau cette rue – cela de son vivant – et inaugure son buste au jardin des Plantes en 1853.
En revanche, l’hôtel de cette même rue qui abrite, depuis 1982, le Musée du Nouveau Monde (remarquable pied de nez de l’Histoire) est bien cette maison d’une famille qui, avant Louis-Benjamin, s’est enrichie grâce à la « réussite coloniale », celle d’Aimé-Benjamin Fleuriau.

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    Chez les Fleuriau, on est commerçant et l’on est protestant aussi loin que l’on puisse remonter. La deuxième moitié du XVIIe siècle parle d’un Jean horloger, d’un Paul parti pour Saint-Domingue, et d’un François marchand raffineur (de sucre). Trois frères dont le dernier nommé, épousant sa cousine (une Fleuriau) donnera trois enfants parmi lesquels se distinguera particulièrement Aimé-Benjamin.

    Celui-ci naît à La Rochelle le 24 juillet 1709. Il est le fruit d’alliances et de liens bien serrés dans le même milieu protestant du commerce maritime et de propriétaires d’habitations1 à Saint-Domingue où travaillent des esclaves.

    Aimé-Benjamin Fleuriau s’inscrira plus tard dans cette tradition par son mariage avec la fille d’un négociant lorsqu’il reviendra à La Rochelle, fortune faite à Port-au-Prince.

    S’il a en mains l’intelligence des affaires et les atouts de la réussite, il les lui faut tous car son père, avant de mourir, lui a laissé une raffinerie de sucre en faillite et les dettes qui vont avec.

    Ainsi quitte-t-il La Rochelle pour Saint-Domingue. Il part rejoindre son oncle Paul propriétaire d’une habitation qui exploite 150 esclaves, son projet étant de ramener la famille sur la voie de la fortune. Il a 20 ans et va passer là-bas vingt-sept années de sa vie.

    Ce n’est pas un propriétaire absentéiste qui confie ses affaires sur place à des gérants douteux. Il appartient plutôt à cette tradition coloniale et commerçante renforcée par l’expérience du terrain dans l’exploitation sucrière. Il a acquis cela auprès de son oncle, de même qu’une parfaite connaissance des hommes et des contextes locaux.

    Il appartient aussi à cette lignée des familles rochelaises qui se sont totalement créolisées comme en témoignent les huit enfants mulâtres nés d’une liaison durable avec sa « ménagère ».

    De son oncle il s’affranchit pour gérer ses propres réceptions et chargements de navires, cargaisons et ventes d’esclaves, négoce de sucre pour le compte d’armateurs.

    Les affaires prospèrent, Aimé-Benjamin Fleuriau peut agrandit ses propriétés en terres et sucreries à la plaine du Cul-de-sac aux portes de la ville, Port-au-Prince, où il acquiert des « maisons ». En ce terme, il faut comprendre : un vaste centre commercial de 3 halles et 17 appartements et boutiques.

    Lorsqu’il quitte la place, Fleuriau choisit scrupuleusement ses gérants parmi ses cousins et neveux qu’il intéresse au bénéfice. Le 30 juillet 1755, il touche La Rochelle, escorté de son « Nègre » Hardy, sous les traits d’un homme fortuné, d’un self made man dirait-on aujourd’hui.

    Mais la dette paternelle est restée en l’état ou presque. Aimé-Benjamin Fleuriau s’occupe de la rembourser. Il achète une maison rue Gargoulleau, de nombreux marais salants et des terres.

    La position des Fleuriau est rétablie mais Aimé-Benjamin veut plus encore. Il se voit en noble. Il associe volontiers à son nom celui de Seigneur « de Touchelongue » dont il a acquis les terres mais cela ne relève pas de la noblesse officielle. En 1775, il sollicite cet anoblissement pour récompenser les services rendus à l’Etat par son commerce dans les isles. Il jouit dans sa requête de soutiens solides mais le rapport ministériel est cinglant et juge qu’il n’y a rien chez cet homme susceptible de le distinguer de tous les autres colons qui ont fait fortune en Amérique. Un an plus tard, il se contentera d’une charge d’officier commensal de la maison du Roy, anoblissante à la deuxième génération. Ses descendants en profitèrent, lui n’eut que la joie de porter un blason.

    Il meurt le 30 juillet 1787, très riche et propriétaire notamment d’une douzaine de maisons au cœur même de La Rochelle, notamment celle de la rue Fleuriau devenue Musée du Nouveau Monde.

    Comme souvent dans ces familles, les enfants mulâtres avaient reçu une éducation soignée. Deux filles « illégitimes » furent installées dans le confort et l’aisance à La Rochelle tandis que ses fils demeurèrent sur les habitations de Saint-Domingue.

    En tous points légitime quant à lui, Louis-Benjamin Fleuriau de Bellevue, fils cadet d’Aimé-Benjamin Fleuriau, devint un homme de sciences reconnu doublé d’un grand philanthrope.

    1- Plantation, exploitation agricole aux mains des colons.

    • Pour sa rédaction, cette notice a puisé dans "Les huguenots et l’Atlantique" (éd. Indes savantes, 2009)

Daniel Garesché (10 février 1739 – 4 novembre 1811)

Pour trouver une source à la fortune de cette grande famille protestante et commerçante de La Rochelle, il faut tout d’abord remonter un peu le cours de la Seudre et s’arrêter à Nieulle. Les navires des Garesché y assurent transport de sel, draperies et autres marchandises. Ils sont aussi armés pour la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve. De génération en génération, les fils s’inscrivent dans le sillage tracé par leur père. Ils sont commerçant, parfois à titre individuel, parfois en s’associant.

Isaac, père de Daniel envoie ses fils s’établir à La Rochelle et surtout y acquérir une nouvelle expertise commerciale.

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    Dans une ville où la traite devint la principale activité au point de l’amener au rang de deuxième port négrier de France après Nantes et de compter dans ce commerce triangulaire l’envoi de 120 expéditions entre 1760 et 1792, il y a de la place pour un homme comme Daniel Garesché, en quelque sorte dépositaire des savoir-faire commerciaux et d’un héritage financier et technique de trois générations avant lui.

    De grandes familles sont installées. Les Admyrauld, Carayon, Fleuriau, Rasteau ou encore Richemont qui commercent principalement avec l’île de Saint-Domingue, absorbant 60% des esclaves ramenés des côtes africaines pour la culture de la canne à sucre expédiée sous forme de mélasse à La Rochelle. Mais Daniel Garesché – ou plutôt Garesché Frères, car Pierre-Isaac et d’autres parents sont durablement installés à Saint-Domingue - est parmi les plus importants sur le port. Il est celui de l’entreprise qui tient les comptes, qui a la meilleure perception du marché, qui planifie.  

    La famille est établie au 16 de la rue Réaumur (alors rue Porte-neuve) dans l’hôtel particulier qui porte son nom et que Daniel Garesché va enrichir de nombreuses extensions.

    En 1785, il possède huit navires et arme l’un des plus gros vaisseaux négriers, le Comte de Forcalquier qui peut transporter 778 captifs.

    Il est dit de lui qu’il fut le dernier négrier de La Rochelle. C’est bien en tout cas, en avril 1792, qu’il arme cette fois - et pour la dernière fois - le Saint-Jacques. Après cette expédition, aucun autre navire ne prendra le large pour l’Afrique puis Saint-Domingue où la révolte des esclaves, en août 1791, a provoqué la ruine de nombre de planteurs et la perte d’une partie de la fortune de Garesché. Il devient furtivement maire de La Rochelle d’août 1791 à mai 1792 ; il est également syndic de la chambre de commerce.

    Peu de choses sont connues de son activité dans les vingt années suivantes.

    Sa tombe, au cimetière St-Eloi de La Rochelle indique qu’il est mort le 4 novembre 1811.

Samuel Demissy (30 octobre 1755 – 3 octobre 1820)

Une rue et un collège de La Rochelle sont au nom de Samuel Demissy, figure singulière parmi les protestants rochelais enrichis par la traite négrière et le commerce dans les isles à sucre. Certes il y prit part, mais d’abord il dut partir fort loin pour éponger les dettes paternelles.

Et tout engagé qu’il fut dans le commerce triangulaire, on le retrouva en abolitionniste convaincu au sein de la Société des amis des Noirs. Il fut cependant contraint de la quitter tant il y avait incompatibilité à contester l’asservissement des Africains et à siéger à la chambre de commerce.

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    Demissy père appartient à ce cercle d’armateurs négociants protestants qui contribuent à la prospérité de la ville et édifient leur propre fortune en même temps que de superbes hôtel particuliers où logent les familles. Ici naît Samuel-Pierre Joseph David Demissy, le 30 octobre 1755.

    Le commerce colonial rochelais est cependant frappé par une crise (1769 – 1772) et avec lui Demissy et son beau-frère associé Meschinet de Richemond. Alors seulement âgé de 17 ans, Samuel quitte son port pour gagner l’Isle de France (île Maurice) en plein rebond économique depuis la suspension du monopole de la Compagnie des Indes. Le jeune homme connaît de rapides succès commerciaux, vraisemblablement liés à la traite en Afrique orientale et dans les Mascareignes (Réunion, Maurice et Rodrigues).

    C’est un homme fortuné qui retrouve sa ville natale. Si bien qu’en 1782, il obtient des lettres de réhabilitation de son père et son oncle après avoir dédommagé leurs créanciers. Conduite exemplaire, elle lui vaut la confiance et l’estime des négociants rochelais. Désormais intégré à leur société, Samuel Demissy arme régulièrement des navires pour les îles de France et de Bourbon et pour les Indes. Comme Admyrauld et Fleuriau, il fait partie des quelques armateurs qui orientent en effet opportunément leur commerce vers les Indes dans la dernière décennie de l’Ancien Régime.

    Samuel Demissy devient important en sa ville et décisionnaire à la chambre de commerce. Il rédige des observations sur la liberté du commerce de l’Inde, conteste le monopole de la nouvelle Compagnie des Indes orientales et de la Chine revenue aux affaires en 1785. Il est même favorable à sa dissolution pure et simple. Il gagne tant la confiance de ses pairs qu’il est désigné au sein d’une députation de délégués pour faire entendre les revendications commerciales rochelaises aux côtés de Bordeaux et Nantes. Il est d’ailleurs mandaté par la chambre pour prendre part à la rédaction du cahier de doléances du commerce rochelais sur la région des Indes.

    Ainsi se dessine une personnalité, un personnage.

    Franc maçon, homme de progrès, il adhère aux idées nouvelles. En 1784, il affranchit un jeune homme à son service. A la fin du printemps 1789, il rejoint la Société des amis des Noirs qui prône l’égalité, l’interdiction immédiate de la traite et progressive de l’esclavage. Les prises de positions de Demissy, tout à la fois négociant et abolitionniste militant, appellent des réactions variées. Certains le voient en opportuniste cherchant à creuser son sillon politique, d’autres saluent son courage dans un cénacle rochelais où l’on ne partage pas ses idées et sa propension à poser des actes conformes à sa propre philosophie. D’autres encore, dans ce même cénacle, voient en ce nouvel Ami des Noirs, rien moins qu’un danger pour les affaires.

    On trouve Demissy sur d’autres fronts, prenant part aux débats d’idées prérévolutionnaires. Son engagement dans cette mouvance le porte à être élu capitaine de la première des compagnies de volontaires nationaux formée à La Rochelle en 1789.

    Sa sœur et lui font don à la Monnaie de leur argenterie et à la Nation de leurs bijoux en or. En novembre, il est à Paris le porteur du don des volontaires rochelais à l’assemblée. Il se passionne pour les événements, admire Lafayette, fréquente les députés Tiers de La Rochelle. Exalté mais lucide et pragmatique, Demissy écrit en ce même mois de novembre, « …on ne peut se dissimuler que l’Assemblée nationale frappe trop d’intérêts et d’intérêts majeurs pour que ceux qu’elle attaque ne se défendent pas, nous ne devons pas être sans crainte ».

    C’est à Paris encore qu’il reçoit de ses correspondants des nouvelles du scandale que suscitent ses prises de position à La Rochelle, toute tournée vers les plantations Saint-Domingue, florissantes grâce à la traite. Aux conseils de prudence et de modération, il oppose toujours ses idées. Lorsqu’on lui demande de transmettre aux journaux de la capitale les motions des négociants rochelais, il refuse : « Ce n’est pas à moi à coopérer à la propagation de la traite et de l’esclavage ».

    Demissy renforce un peu plus chaque jour son espoir d’abolir la traite et d’offrir progressivement la liberté aux Noirs dans les colonies. La place portuaire rochelaise s’alarme. L’abolition signifierait la ruine des armateurs et des manufactures liées au commerce triangulaire. 

    Cet argument martelé par les Rochelais fut-il décisif pour ce fils de La Rochelle ? La ville assista en tout cas bel et bien à la volte-face de Samuel Demissy.

    Sans doute conscient qu’il ne peut se brouiller avec les négociants, lié à eux par ses armements, il quitte la Société des amis des Noirs. Son retour à la raison du commerce, signe aussi son retour en grâce à la chambre.

    En 1791, il est élu député à l’Assemblée nationale constituante où il ne prend d’ailleurs pas part aux débats sur l’émancipation politique des populations de couleur libres.

    Effrayé par le tour que prend la Révolution, il devient modéré et se réinstalle définitivement à La Rochelle (1792) en épousant Marie-Louise Esther Liège. On le voit en notable, gérant ses nouvelles propriétés et ses affaires commerciales tout en dispensant du bien toutes les fois qu’il le peut en faveur de ses concitoyens et de sa ville. Il en devient successivement le maire (1794-1798), puis sous-préfet (1802-1803) avant d’entrer au conseil général et d’intégrer le Corps législatif (1803-1813). En 1810, Samuel Demissy est fait Chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’Empire. Avec les honneurs et la Restauration, il adopte une particule et s’orthographie de Missy. Apprécié sous tous les régimes, détaché de l’essentiel de ses intérêts à Saint-Domingue, il n’arme plus de navire et vit en nanti, simplement recherché pour ses compétences à assurer des fonctions publiques. Il s’éteint à La Rochelle le 3 octobre 1820.

    • Pour sa rédaction, cette notice a puisé dans "Les huguenots et l’Atlantique" (éd. Indes savantes, 2009)

Gabriel Admyrauld (1819 - 1877)

Négociant, conseiller municipal, membre de la chambre de commerce et bienfaiteur, son nom est donné en 1879 à cette rue qu’il habitait. Ses aïeux ont été impliqués dans la traite négrière au XVIIIe siècle.

L'Armide

En 1749, le navire l’Armide est armé à la traite négrière par Pierre Gabriel Admyrauld. Armide est une magicienne musulmane, personnage de la Jérusalem délivrée du poète italien Le Tasse.

Le Saphir

En 1737, Le Saphir part de La Rochelle pour la côte de Guinée puis l’île de Saint-Domingue (Haïti). L’armateur Elie Giraudeau nomme ses navires négriers du nom de pierres précieuses.

Jacques Rasteau (1786-1854)

Négociant, membre du tribunal et de la chambre de commerce, il est maire de 1834 à 1841 et député de 1837 à 1846. Le square, qui porte son nom, est réalisé en 1875 sur un terrain légué par sa veuve. Ses aïeux ont été impliqués dans la traite négrière au XVIIIe siècle.

Dernière mise à jour : 21 avril 2021

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