Antoine "Tonio" Albeau

Le bel Albeau est né les pieds dans l’eau – sur l’eau plutôt – à l’âge de 5 ans, tenant ferme la voile que son père avait découpée à sa taille dans un grand gréement. Ainsi a commencé sa vie sur les planches à La Couarde, au club de plage des parents. En réalité Antoine est né comme (à peu près) tout le monde, à La Rochelle…

Publication : mars 2023 / Texte : Elian Da Silva Monteiro / Photo : © Julien Chauvet

Fils d’ici et d’Eole, il a décidé de marcher sur l’eau, rien de moins. Le plus vite possible et en glissant. Compétitions interclub sur l’île de Ré, sport-études à La Rochelle, il est devenu en funboard le sportif français le plus capé. À 50 ans il quitte la scène mais pas les planches, ni la mer. Il cherche la vitesse absolue, 120 km/h… ça devrait le faire !

On parle ici du projet de windsurf nommé Zéphir, il consiste à repousser toujours les limites technologiques et humaines. Mais encore ?...

Tout bêtement battre le record de vitesse détenu par un bateau, un peu plus de 120 km/h, en se rapprochant de l’écologie, en essayant d’utiliser des matériaux recyclés ou recyclables parce que tous ces engins là, c’est du plastique. Donc on va vers les résines végétales, le lin, et le plastique recyclé pour fabriquer la voile. On prend ça en considération parce que notre sport propre, il utilise le vent l’énergie naturelle, alors et il faut qu’on ait dans les mains quelque chose de propre aussi.

Rien qui soit incompatible avec la performance ?

Justement, c’est ça qu’il faut trouver, à l’heure actuelle le carbone est ce qu’il y a de mieux et on n’imagine pas une Formule 1 construite en lin, mais on a tous pris conscience de ces enjeux pour la planète, alors on y travaille. Sur le projet Zéphyr avec Marc Amerigo, ingénieur, est avec moi depuis deux ans. Mais on a peu de finances, on essaie de rencontrer des partenaires, pas mal de monde ici à La Rochelle, des gens prêts à s’engager dans l’aventure. Trouver des budgets en ce moment c’est difficile, mais on a bien travaillé, la voile est prête, la combinaison aérodynamique aussi, là on est sur la planche avec Segula technologie qui a un bureau à Aytré. L’idée étant que tout ce qu’on va découvrir puisse être décliné sur les futures planches de Monsieur Tout-le-Monde qui pourra plus facilement aller à 35-40 nœuds au lieu de 25. On aimerait être prêts et sur l’eau avec cette planche en 2024.

Vous êtes le sportif le plus titré de l’histoire du sport français avec 25 titres mondiaux. Il y a un secret pour en arriver là ? 

Non, seulement le travail, l’hygiène de vie, pas faire d’excès, s’entraîner être beaucoup sur l’eau et être fait pour ça (NDLR : 1,85 m ; 100 kg)… au marathon j’aurais pas percé. Là je suis sur l’eau tout le temps et quand le vent est à 100 km/h c’est super, janvier c’est idéal et si y a des vagues, c’est mieux. Ha ha !... Toujours plus de vent, toujours plus de vitesse !

Question sensations et émotions, filer à ces vitesses-là debout sur l’eau c’est… ?

Pas comme si je vous mettais sur la planche à 100 km/h, vous diriez « C’est incroyable ! », mais nous on a l’habitude, donc après c’est disons… facile à faire, mais il faut de bonnes conditions, il faut bien tenir sa planche, être aux aguets de la moindre risée ou du petit clapot qui provoque pas mal de chutes. Et puis au final d’une journée, ben tu bats un record du monde de vitesse ! C’est grisant, bien sûr, mais ce qui est grisant ce n’est pas d’aller vite, c’est de faire de la planche ! Les sensations sont extrêmes, mais toute ton attention est sur les éléments naturels et sur la conduite de la planche. 

Au petit jeune homme ou à la petite jeune fille de 5 ans qui débute, que dites vous, d’aller vite ou d’aller bien ?

Prendre du plaisir. En planche, en Optimist, surf, catamaran… aller jouer dans l’eau. Les petits jeunes peuvent venir me voir l’été à La Couarde à l’école de voile que l’on tient avec mon épouse. Ici c’est génial, la mer est calme, on a la petite brise thermique, on a la chance d’avoir les îles. On est gâtés à La Rochelle, on a le paradis à deux pas avec les pieds dans le sable. Notre fils de 6 ans est déjà sur la planche1

Mais vous c’est quand vous allez vite que vous allez bien, n’est-ce pas ?

Eh oui, un veut toujours plus, avoir le mieux, Ha ha !

Et maintenant, la retraite annoncée ?

C’est surtout pour pouvoir passer plus de temps en famille, être avec les enfants, s’occuper du club de voile. Mais je suis encore très pris, avec pas mal de projets, dont Zéphir qui nous occupe énormément. Et le 1er février, on part s’entrainer à Tenerife2

Alors… Bon vent à vous, Antoine !

Repères

  • 17 juin 1972 : naissance à La Rochelle
  • 1986 : champion de France moins de 14 ans.
  • 1990 : champion de France moins de 18 ans.
  • 1994 : entre dans le circuit mondial.
  • 5 mars 2008 sur le canal des Saintes-Maries-de-la-Mer record de vitesse sur 500 mètres : 49,09 nœuds (90,91 km/h).
  • 2010 : marin de l’Année.
  • 2012 : création de l’équipe de France de funboard au sein de la FFVoile.
  • Novembre 2015 : (Lüderitz - Namibie) nouveau record mondial : 53,27 nœuds (98,65 km/h avec une pointe de 100,26 km/h).
  • 9 novembre 2022 : au Japon, annonce se retirer du PWA World Tour.
  • 13 décembre 2022 :  la Ville de La Rochelle dévoile la plaque de l’avenue qui portera le nom d’Antoine-Albeau aux Minimes (ex-av. de la Capitainerie) : elle passe devant son propre club, La Rochelle Nautique… mais pas à 100 à l’heure !
  • À ce jour, 25 titres de champion du monde (vitesse, formula, freestyle, slalom, etc.) et multiples titres français et européens.
  1. Paola et Antoine ont deux garçons, Alani (6 ans) et Adriel (1 an)
  2. Notre interview avait lieu fin janvier

Dernière mise à jour : 10 mars 2023

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